1929 Great Depression Cold Case 5 : Aux racines du mal

21/08/2020

Vous voila bien reposés , presque détendus après avoir vaqué à des occupations autres que celles qui vous permettent de vous nourrir et de payer les dettes. Je profite donc que vous soyez tout à fait disposés à vous intéresser un peu à l'histoire pour continuer à vous distiller , certes avec parcimonie les résultats de mon enquête sur la fameuse crise de 1929.

Comme je vous l'avais dit lors d'un précédent article 1929 , Great Depression Cold case 1 , ce
blog tente de traiter du sujet en ayant comme axe de recherche le principe du « à qui profite le crime » . Nul doute en effet que la « great depression » de l'entre 2 guerres
soit un crime . Fût il fortuit ou prémédité telle est la question. J'ai commencé dans Great Depression Cold case 3 à donner des éléments de contexte . Il est  maintenant temps d'entreprendre une analyse plus approfondie de la chronologie afin de pouvoir lier les éléments entre eux.

1919-1920 : Versailles, une conférence pour la paix mais à quel prix ? (début Janvier 1919, signature Juin 1919)

Les éléments ci-dessous n'ont pas pour objectif d'être exhaustifs , ils ne couvrent donc pas
l'ensemble des sujets qui ont pu y être traité , ils sont présentés de façon à amener une compréhension générale et de donner des clés afin de suivre le cheminement de la réflexion sur les événements postérieurs. C'est l'un des seuls articles qui ne traite pas à proprement parler d'économie mais qui présente le contexte politique général de l'après guerre .

La fin de la guerre ouvre une période nouvelle . La complexité et les difficultés des situations à résoudre sont énormes . Différents points de vue s'opposent et trouver un chemin qui soit susceptible de plaire à l'ensemble des parties prenantes est une gageure. De façon quelque peu schématique on peut les synthétiser de la façon suivante.

l'idéal Wilsonien : du nom du président Américain Woodrow Wilson. Ce dernier avait
pour objectif de construire un système plus juste et plus équitable de relations internationales basées sur des principes de loi internationale et centré sur une association universelle de nations qui travaillerait sous l'égide de procédures partagées afin de maintenir l'ordre mondial. Bien évidemment dans cette vision les USA devaient prendre le leadership dans la création d'un tel système et devraient poursuivre l'objectif sous jacent de l'extension de la démocratie au travers le monde. C'était un engagement moral pour les USA . Cette vision
est détaillée dans le fameux discours du 8 Janvier 1918 face au congrés dans ce qui sera plus communément appelé le discours des 14 points (faisant allusion aux différents points mentionnés dans son discours).

Cependant en arrivant à Versailles cette vision était déjà bien entamée car les mid terms de
Novembre 1919 (élections américaines) étaient passées par la , et Wilson n'avait quasiment plus aucune chance de faire voter sur la base de ses 14 points le Senat qui lui était désormais défavorable, la vision de Wilson n'était donc plus celle de l'Amérique et en arrivant à Versailles Wilson le savait comme ses interlocuteurs.

Les autres visions , enfin celles de l'Angleterre et surtout de la France appuyées par des
opinions publiques revendicatives étaient que l'Allemagne devait payer. Il y avait cependant une nuance certaine. Pour la France qui avait subi les invasions Allemandes de 1870 et 1914 , il fallait que l'Allemagne soit affaiblie de façon permanente que ce soit militairement et économiquement, pour l'Angleterre l'affaiblissement trop violent de l'Allemagne recelait un danger certain . Les Bolcheviques qui avaient pris le pouvoir en Novembre 1917 en Russie étaient le danger le plus patent et les doctrines Bolchéviques pouvaient corrompre l'ordre social existant des pays capitalistes. Affaiblir trop l'Allemagne pouvait être en partie ouvrir la voie aux Bolchéviques.

La caricature des différents personnages principaux facilite la compréhension générale :

Clemenceau pour la France : un « tigre » tenace mais cynique, qui n'a qu'une seule obsession  qu'il met au dessus de tout Garantir la sécurité de la France

Wilson pour les USA : Drappé sous une apparence de donneur de leçon théologique , il
défend de façon dogmatique une paix basée sur les principes de l'auto détermination.

Lloyd George pour l'Angleterre : Un caméléon politique , arpentant un sentier bien escarpé entre les 2 vues opposés de la France et des USA tout en ayant pour but de garder les intérêts Britanniques

Ce traité de Versailles est l'élément majeur puisqu'il constitue la base sur laquelle la période de l'entre 2 guerres s'articule , les points clés sont les suivants :

La société des Nations : Sur l'insistance du président Wilson , ce fût le premier sujet traité à la conférence de Versailles. Les essais Français de dessiner une ligue sur des alliances militaires furent de véritables fiascos. Wilson du rentrer aux USA en Février 1919 afin de traiter le sujet du congrés et il reçu des critiques sévères sur le fait que la participation des USA à la League des Nations entrainerait des obligations . En particulier sur l'interférence de la League sur les affaires de l'Amerique jusqu'ici protégé par les opérations de la doctrine Monroe. La ligue des
Nations vue cependant le jour sans que les USA en fassent partie.


Les réparations : Aucun sujetne causa plus d'acrimonie lors des discussions de paix que les
questions des réparations. Pour les Français il fallait que l'Allemagne paye , pour les Anglais aussi , tout du moins dans l'opinion Publique mais il y a avait cependant une certaine subtilité dans la vision Britannique. Pour les officiels du Trésor Anglais, en particulier pour Keynes , la remise en état de la situation économique Britannique ne pouvait passer que par la remise en état du commerce international. Et cela ne pouvait avoir lieu que si la situation économique des clients des Britanniques était bonne. Si l'Allemagne ne devait payer que pour les dégats directs causés par la guerre , l'Angleterre ne recevrait qu'une petite partie du total. Les USA quant à eux essayèrent de limiter ce que devait payer l'Allemagne en basant le calcul sur la capacité de l'Allemagne de payer plutôt que sur le total des demandes Alliés. Il faut dire qu'ils avaient leur propres raisons. Les puissances alliés devaient des montants considérables aux USA et les Anglais avaient déjà soumis l'idée que toutes les dettes et réparations devaient être annulées . Le remboursement des dettes de guerre semblait devoir être financé par le paiement des réparations Allemandes, par conséquent les USA travaillèrent pour conclure un
deal sur les réparations basé sur la capacité Allemande de payer et de telle sorte qu'elle puisse satisfaire à minima les puissances Alliés et par la même les USA , qui ne voulait pas effacer les dettes. Mais dans l'atmosphère de 1919 c'était l'impossible quadrature du cercle.

Les frontières et les problêmes territoriaux : Autant dire que ce sujet fut excessivement compliqué. La question de la Rhénanie fut un point d'achoppement entre l'Allemagne et les puissances alliées . Les frontières à l'est de l'Europe , en particulier l'établissement de frontières de nouveaux états qui cherchaient la reconnaissance comme héritiers des terres des anciens empires Russes et d'Habsbourg un sujet de discorde infernal, quant à l'extrême orient l'un des facteurs les plus importants qui amena les USA à ne pas ratifier le traité de Versailles. La critique du règlement de Shantung par la Chine , c'est-à-dire l'acceptation par Wilson de la situation de fait (le Japon ayant occupé Kiautschou et Shandong) fit lever un élan
nationaliste et des manifestations orchestrées par des étudiants à PEKIN.

Les principales critiques contre les injustices du  traité vinrent de la part de l'Allemagne, pour les vainqueurs le traité représentait une cote mal taillée entre l'idéalisme Wilsonnien, les demandes Françaises de sécurité et le pragmatisme Anglais. Wilson vit en la société des nations un moyen pour faire disparaitre ses plus gros défauts, Clemenceau chercha a appliquer le traité au pied de la lettre , et Lloyd George était sous la pression de son opinion
publique à partir de Juin 1919 pour l'amender. Avant même que le traité ne fût ratifié en Janvier 1920 , Keynes avait écrit une critique acerbe « Economic's consequences of the Peace » en Decembre 1919 qui avait nourrie l'hostilité envers le traité aux USA et en Novembre 1919 et Mars 1920 le Sénat Américain ne ratifia pas le traité. Aussi au bout d'un an après la conférence de la paix , l'alliance des vainqueurs qui avait vaincu l'Allemagne et négocié une série de points sur la paix s'effondrait. Ce fût cet effondrement plutôt que les dispositions des
termes de paix eux même , qui firent que le Traité de Versailles ne fût jamais accepté ou appliqué. Les négociations lors de la conférence de la paix exposèrent les différences et les divisions entre les puissances victorieuses et ouvrirent les brèches.


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